Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/296

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triomphait le portrait plein de pensée du patriarche de l’Union. Un rayonnage avait été édifié en bois de sapin qui fleurait encore la résine, et la bibliothèque multicolore des révolutionnaires amis des reliures voyantes y était établie avec la méthode des scientifiques.

Et Wolfran, étendant le bras, saisit, sur le bureau de Clara, la photographie du vieillard. Il la garda dans le creux de sa main, la considéra en silence. Les yeux du vieil apôtre semblaient scruter, à leur tour, ce visage de roi penché sur lui. À la fin, Wolfran prononça tristement :

— Pauvre docteur Kosor !

Clara, toute contractée par l’émotion, n’osait comprendre. Elle était tremblante et pâle ; ses belles mains se joignirent et elle murmura tout bas et ardemment :

— Oh ! l’Union était belle ! il était impossible de ne pas l’aimer ! elle était la pure religion de l’amour humain, tous les frères étaient prêts au sacrifice pour l’humanité. Leur désir était unique et admirable : ils convoitaient le bonheur pour les hommes.

Mais Wolfran, rejetant la photographie, se redressa.

— Non, l’Union n’était pas belle, il n’y a que la vérité qui soit belle, et c’était une doctrine d’erreur. Le bonheur n’est pas dans l’égalité matérielle où l’Union le plaçait, et ce n’était qu’une religion d’envie, de haine et de combat…

— Je l’aime encore cependant, avoua Clara.