Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

poir qu’il avait d’elle, et dont le malheureux vivait.

Peut-être venait-il la revendiquer. Il en avait le droit puisqu’elle lui était engagée. Elle frissonna en se tenant le visage à deux mains… Pourtant l’idée ne lui vint même pas de ne pas répondre à l’appel. Avec sa méthode habituelle, elle organisa le cours de sa journée en vue de cette sortie du soir. L’après-midi se passa en manipulations faites au laboratoire avec l’archiduchesse.

Au soleil couchant elle quitta le palais. Elle en contourna les grilles pour atteindre la rue du Beffroi, et la cathédrale Saint-Wolfran, au bout de cette ruelle étroite, apparut d’un gris rose, massive dans son ensemble, légère dans son détail qui était, du haut au bas de la façade, au sein de la pierre ajourée, un immense paradis de saints minuscules, rangés en bataille, superposés en cintre dans l’ogive des portails, nichés dans des chapelles, juchés sur des clochetons, surélevés à la cime des pinacles. À gauche une tour gothique et à droite une tour renaissance, toutes deux gigantesques, montaient d’un jet dans le ciel blanc du soir. C’était la fin d’un jour de mai, une vapeur lourde et tiède planait sur les rues d’Oldsburg éclairées encore d’une lumière dorée et poudreuse. Clara franchit le parvis, traversé de voitures et d’automobiles, pénétra sous l’arche assombrie d’une des portes latérales, passa le seuil, et aussitôt ce fut un autre monde.