Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/305

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Dans la nef pure du monument, le long du transept aux piliers sveltes et droits, au fond des bas-côtés garnis de chaises, partout régnaient le silence, la fraîcheur, la solitude. Pas un être humain ne bougeait dans cette cité divine où le crépuscule semblait perpétuel. Les vitraux surchargés de pourpres sombres, d’indigos profonds, d’ocres chauds, de violets noirâtres, versaient sur les dalles une lueur indistincte. Mais au-dessus de l’architecture géante des orgues, la rosace qui regardait en face le soleil mourir derrière les collines lointaines, étincelait.

Dans ce froid qui la glaçait, sous ce vaisseau de pierre où son pas assourdi éveillait des échos, parmi le geste pieux mille fois répété de la ligne ogivale, Clara pensa pour la première fois avec une émotion craintive à ce Dieu dont les deux Kosor lui avaient tu jusqu’au nom. Quelque chose d’auguste passa en elle, et elle aurait eu de la joie à se prosterner, sans même comprendre pourquoi.

De larges dalles, de la dimension de pierres tombales, pavaient la basilique. Clara les observait en marchant la tête infléchie, accablée sous un poids étrange. Elle obliquait à droite. Les chapelles latérales, en creusant les parois de sombres alvéoles que l’obscurité rendait imprécises, dont les vitraux faisaient les limites incertaines, donnaient une ampleur plus mystérieuse à la cathédrale illustre. Clara les compta jusqu’à