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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/306

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la troisième, et pénétra dans cette dernière comme dans une demeure redoutable. La grille en était ouverte. Un tableau ancien, tout noir, entre des chandeliers d’argent, ornait l’autel vide Clara fouilla les coins, le cœur en déroute. Mais elle arrivait la première au rendez-vous. Alors elle s’accota aux moellons de pierre que le temps avait grignotés, et ses yeux faits aux ténèbres, scrutant les profondeurs de la nef, elle attendit.

Peu à peu son regard s’éleva, chercha les voûtes en suivant la montée rigide des fûts de colonnes dont la cépée, pareille à celles des forêts, s’élançait à chaque pilier vers l’autre cité des ogives, là-haut. Et cette coque de navire renversée, vers laquelle tant de prières avaient monté, lui apparut, si noyée d’ombre, si prodigieusement lointaine, qu’elle eut l’impression d’un firmament de pierre inaccessible.

Cependant, des pas résonnèrent et se firent tout proches, et un prêtre passa devant la grille. Après ce fut une vieille femme, puis le silence. reprit. Au bout d’un instant encore, un homme s’avança, et comme il s’arrêtait au seuil de la chapelle, Clara, pour n’être point remarquée, prit l’attitude de la prière. Il entra. Elle se voila le visage. Tout à coup, elle sentit contre sa joue l’haleine de l’inconnu, et on lui murmurait à l’oreille :

— Me voici, me voici.

Elle regarda ; elle ne pouvait reconnaître