Aller au contenu

Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

forces nouvelles. Avant deux années, nous aurons donné au monde l’exemple de la société d’amour ; nous ferons l’expérience pour les autres nations qui l’imiteront, et la béatitude humaine se propagera ainsi de contrée en contrée. Je t’aime comme je ne t’ai jamais aimée, Clara, mais je suis un homme sorti de la vie, sorti de lui-même ; j’appartiens à l’humanité.

Il soupira, puis reprit sur le ton dont il lui parlait quand elle était une toute petite fille, et lui, un adolescent stupéfait devant elle :

— De t’avoir revue je me sens plus fort. Il me fallait te revoir, Clara : c’est toi qui es la patrie, c’est de toi que j’étais exilé. Mon œuvre, je pouvais l’élaborer pendant longtemps encore à l’étranger, mais tu n’étais pas là, et c’est pourquoi je suis revenu. Maintenant que je t’ai vue, que mon cerveau s’est baigné dans ta douceur, je travaillerai plus lucidement :

— Quels sont tes projets ? demanda-t-elle encore.

Une fraicheur humide les frappant au visage les avertit qu’ils approchaient du quai. Ils en craignirent les lumières, l’affluence, et rebroussèrent chemin. La ruelle montait. Au sommet apparaissait, de perspective, la métropole de pierre, allégée dans les vapeurs du soir, avec les contreforts géants qui fusaient d’un jet de la base au faîte, et la rosace du transept que les lumières intérieures irisaient.