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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/314

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vement qui eût agité jusqu’ici son âme sereine. Et sans la moindre pitié pour ce qu’Ismaël endurait sous ses yeux, elle lui dit :

— Tu déshonores l’Union. Je ne serai jamais à toi. Mieux vaut ne plus nous revoir.

Il était haletant, il joignit les mains comme un enfant, elle l’entendit implorer :

— Oh ! Clara, oh ! Clara.

Elle crut bien deviner qu’il pleurait à petits sanglots, et elle s’en réjouit, car elle l’exécrait à cette minute.

— Ce n’est pas possible…, répétait-il, t’avoir tant chérie et être ainsi rejeté de toi. Ta belle intelligence, si lumineuse, me reviendra. Tu comprendras que cette mort est nécessaire, ou alors on t’aurait changée…

Elle allait se séparer de lui ; elle fit une dernière tentative : ses mains se posèrent à l’épaule du meneur, elle lui murmura :

— Je ne veux pas que tu deviennes criminel, mon ami…

Il s’écria :

— Tu ne vois donc pas que l’amour qui me possède est grand comme l’humanité même ; mon bonheur, mes instincts, n’existent plus. Mais la cité future sera bâtie…

— Ah ! dit Clara, en faisant mine de s’éloigner, je suis venue ce soir pour voir un fou.

Il la rejoignit, s’accrocha désespérément à ses vêtements.