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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/347

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les vitres plombées de l’appartement de l’archi-duchesse voilaient à la foule une radieuse jeune fille vêtue d’or et d’argent, attendant comme dans une apothéose les splendeurs du lendemain.

Mais Wanda, en peignoir de laine blanche, étendue par ordre de ses médecins sur sa chaise longue, pleurait à petits sanglots, en tenant la main de Clara, qui ne la quittait guère.

— Ma pauvre Clara, disait-elle, j’ai peur, j’ai peur de demain, peur de Bertie, peur de la vie.

— Moi, reprenait son amie, je vous prédis l’austère bonheur des âmes supérieures. Monseigneur d’Oldany vous apporte son génie, son admiration, sa noble conscience. Vous êtes trop intelligente pour ne pas contracter avec ce puissant cerveau une union qui sera belle.

— Oui, reprit tristement la jeune fille, en faisant glisser à son doigt d’enfant la lourde plaque d’orfèvrerie qui enrichissait la bague des fiançailles, oui, Bertie est un grand génie…

— Il vous associera à son œuvre ; vous serez, au sens le plus vrai du mot, une reine. Qu’est-ce que les petits travaux scientifiques auxquels je vous ai initiée ? C’est la masse vivante d’une société que vous manipulerez désormais. Quand je produirai au fond d’un creuset une perle de thermium, vous, c’est du bonheur humain que vous découvrirez dans le travail de votre politique.

— Oui, répéta Wanda, nous contribuerons peut-être à rendre la Lithuanie plus heureuse.