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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/348

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— Être une reine, disait Clara songeuse, c’est détenir la puissance efficace. Moi, j’ai fait tant de rêves, caressé tant de desseins ; je me suis tant épuisée à agir dans l’hypothèse ! Mais j’étais impuissante. Une reine peut.

— Ah ! soupira l’archiduchesse en retenant ses larmes, j’ai peur de trop penser à Géo… Elles gardèrent le silence. La porte de ce qu’on appelait l’atelier de l’archiduchesse s’ouvrit et un essaim de couturières, que conduisait madame de Bénouville, s’avancèrent en soutenant la robe nuptiale qu’on venait essayer. Elle était en brocart, alourdie de fils d’argent, pareille à une robe de légende. On en revêtit les épaules fragiles de l’Altesse qui se laissait faire, hiératiquement. La reine survint, très affairée. Elle avait un goût sûr de bourgeoise avisée. Elle fit découdre et recoudre, déplacer une écharpe de gaze, moula de sa main les hanches délicates. Wanda lui demanda tout bas :

— Bertie est-il revenu ?

Madame de Bénouville annonça qu’il arrivait à l’instant de voyage.

— Je veux qu’il vienne, dit l’Altesse.

Le duc d’Oldany était chez le roi, attendant que sa fiancée le mandât.

— Mais, objecta la mère, je crains bien qu’il ne soit indifférent à ta toilette, mon enfant…

— Bertie n’est indifférent à rien. Je n’ai pas là la robe qu’il me plaît d’avoir, mais la robe qu’il