Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/353

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se répétait : « Ismaël est mourant, Ismaël agonise… » Comment allait-elle le trouver ? gisant amaigri, enfiévré, au fond d’un lit sans douceur, défiguré peut-être par la maladie ? Vivait-il encore ?

Elle frappa. La porte s’ouvrit. Devant Clara, haletant d’une vie intense, ses boucles noires et grises encadrant son front volontaire, Ismaël Kosor jeta un cri étouffé :

— Ah ! tu es venue, je savais bien que tu viendrais !

— Tu souffres, lui demanda-t-elle anxieuse, tu es malade ?

— Comme tu es bonne, Clara ! dit-il en la contemplant passionnément.

— Qu’y a-t-il ? Tu te portes bien ? Pourquoi m’as-tu fait venir ? Tu parlais de me revoir une dernière fois et de quitter la vie.

— Je n’ai pas menti, Clara, prononça-t-il, en détournant la tête.

Il la prit par la main, la fit asseoir sur une chaise de paille, aux côtés du grabat, et s’agenouillant devant elle :

— Écoute, écoute-moi, Clara, ma lumière ; si demain à pareille heure, je n’étais plus, est-ce que tu n’aurais pas un regret ? Celui de m’avoir refusé si longtemps, de m’avoir refusé jusqu’à la fin ce que je te demande depuis que je t’aime, la seule joie que dans ma terrible vie j’aie jamais désirée ; ton amour, toi-même. Clara, mourir ne