Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/354

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m’est rien, mais songer que tu n’auras pas été ma femme !

Il eut un tressaillement de douleur. Puis une lueur d’espoir illumina ses yeux fous qui se fixèrent sur Clara :

— Mais que dis-je là ?… Tu es venue, donc tu m’aimes encore. Dis-moi que je ne m’illusionne pas. Il me faut ce soir cette dernière douceur de ta tendresse, de ton baiser, il me la faut…

Elle demanda d’une voix desséchée :

— Pourquoi parles-tu de mourir demain ?

Il hésita longtemps, se mit debout, et dit très bas :

— Demain, je joue mon existence, — et à un tel jeu que je sais la perdre, Clara.

— Que fais-tu donc demain ?

Il l’enlaça avec la douceur dont il l’enveloppait quand elle était toute petite : son étreinte était une caresse ; et Clara, trop anxieuse pour songer même à se dégager, l’entendit murmurer :

— Sois forte, mon amie ; réagis contre ta sensibilité, oublie que tu es une femme, toi que dans tout le pays, on ne nomme que par ton nom unique « Hersberg », pour signifier la virilité de ton esprit et la vigueur de ton cerveau pensant. Dépouille tout préjugé, résigne-toi à l’acte qui doit annoncer l’aurore de la liberté. Il faut que Wolfran meure.

Elle se redressa comme une lionne, répétant :

— Il faut que Wolfran meure !… Il faut que