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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/369

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— Sa Majesté dine seule, ce soir, pendant qu’on habille la reine et Son Altesse pour la réception de l’Hôtel de Ville.

Elle rebroussa chemin, se tourna vers le hall où s’ouvrait la petite salle à manger particulière du souverain. Le second valet de chambre en sortait. Elle l’arrêta :

— Wilfrid, dit-elle pour la troisième fois, il faut que je voie Sa Majesté.

— Oh ! mademoiselle Hersberg, comme cela tombe mal ! Je vais prévenir Sa Majesté ; peut-être qu’après le souper…

Clara eut un mouvement de violence, de défi, et s’en alla tout droit soulever la portière. Wolfran était attablé devant un couvert très simple, où fumaient quelques légumes cuits au sel. Deux laquais le servaient. Il leva les yeux, aperçut cette femme tragique, presque méconnaissable, qui s’introduisait ainsi avec tant de hardiesse, comme en un coup de folie, et il eut un sursaut d’étonnement. Clara, dégrisée devant lui, balbutia :

— Je suis venue… Il fallait que je voie Votre Majesté tout de suite, tout de suite…

Il eut vite compris qu’un drame se passait ; mais il ne savait pas lequel et, tout d’abord, il s’émut à constater l’angoisse de cette sereine Hersberg. Il voulut apprendre ce qu’il y avait, renvoya les laquais, l’interrogea. Elle tremblait un peu ; toute palpitante, les yeux changés, elle commença :