Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/378

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— Elle vous supplie, Altesse, de ne jamais l’oublier, murmura la vieille dame.

Elle était allée se terrer dans la petite maison blanche bâtie dans les jardins, au sommet de la haute ville. Elle y était revenue plus misérable que le premier jour où les deux Kosor l’y avaient accueillie. Et, sans ouvrir une fenêtre ni un volet, elle était restée dans la bibliothèque du docteur où les livres, enfumés jadis de si longues années, exhalaient encore le parfum de la petite pipe philosophique du patriarche.

Mais, à midi, quand le tonnerre des cloches, éclatant de nouveau, annonça au peuple que l’archiduchesse et l’étranger étaient unis, elle n’y tint plus, se glissa dans le jardin, suivit la ruelle déserte, pressée, harcelée par une fièvre. Au-dessous d’elle, une Oldsburg vibrante, carillonnante, inondée de soleil, flamboyait. Elle distinguait, dans l’océan des toits, toutes les nefs d’églises avec leurs tours, leurs clochers, leurs pinacles, leurs flèches, et, au milieu, le vaisseau splendide de la cathédrale d’où partait tant de joie. Des retardataires couraient aussi au spectacle. Elle se joignit à eux, pénétra dans la foule, s’y perdit, s’y noya, désirant de n’être plus rien, d’être méconnue, invisible, insoupçonnée, mais de voir, au moins.

Les troupes étaient rangées sur le parvis, et la foule repoussée vers les rues adjacentes. Le