Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/54

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nesse qui s’en va sans que nous l’ayions baignée dans la lumière de l’amour.

Qu’importe la jeunesse ! reprenait Clara, notre attachement se rit des ravages du temps ; la beauté que nous cherchons l’un dans l’autre, les années n’y touchent que pour l’ennoblir Quand tu auras recréé le pays, ne seras-tu pas pour moi comme un dieu ?

Alors il déserta la maison de la haute ville qu’il abandonnait à la fille adoptive du vieux Kosor et il s’établit dans une mansarde de l’obscure rue aux Juifs, près du Palais-Royal, comme une bête qui se tapit dans l’ombre, l’œil sur son ennemi. C’est de là qu’il agitait le pays, préparant la révolution sociale.

Le communisme du docteur Kosor avait évolué. On n’en était plus à la doctrine simpliste du partage des biens. L’appropriation ne s’effectuerait plus en faveur des citoyens, mais au profit de l’État. Le collectivisme était né avec ses rouages compliqués de société d’artifice, créée de toutes pièces. Et c’était une organisation savante qui exigeait des statisticiens, des calculateurs. Déjà les révolutionnaires étaient des bureaucrates : prélude à l’universelle administration future.

Il y avait encore dans le pays un parti républicain qui se fût arrangé de la situation économique actuelle à condition que la démocratie accédât au pouvoir. Mais ce parti avait été très