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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/55

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affaibli à l’avènement du jeune roi qui, en donnant satisfaction à tous les desiderata du mouvement libéral bourgeois formé sous le dernier règne, avait détaché du bloc républicain tous ces mêmes libéraux entrés par mécontentement dans l’opposition. Wolfran avait, dès la première année de son règne, acheté leur loyalisme au prix d’une constitution. Trois cents représentants du pays nommés par le suffrage universel composaient une Chambre de délégués. Ce parlementarisme était cependant superficiel du fait même qu’une Chambre-Haute, formée de cinquante nobles que le roi nommait, proposait les lois à la Délégation, et, en cas de désaccord, possédait le pouvoir de la dissoudre de concert. avec le grand maréchal d’État, chef du gouvernement. Mais les mandataires du peuple discutaient le budget, votaient les lois et parfois les modifiaient. La liberté de la presse avait été instaurée, et les délits politiques ne ressortissaient plus qu’aux tribunaux correctionnels. C’était assez pour satisfaire l’immense contingent de la classe moyenne : le peuple pensant, à la culture modeste, celui qui vit, avec tant de dignité, dans une médiocrité stricte mais décente, et qui s’occupe plus à l’embellir qu’a en tirer sujet de haine. Wolfran, à ne considérer que cette portion si honorable de la nation, était donc extrêmement populaire. Mais les partis révolutionnaires avaient trop trituré les masses pro-