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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/56

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fondes du prolétariat, on avait trop cultivé ses sentiments d’envie, et aussi la misère y était trop affreuse pour qu’il pût aimer le grand responsable dans son luxe, dans son prestige et dans son autorité à qui l’on croyait tout le mal imputable. Quant aux provinces agricoles du Nord-Ouest, aux régions montagneuses du Sud-Est, leur population tranquille et inculte, parfaitement indifférente à la politique, ne comptait guère.

C’est à cette page de son histoire que Wolfran V commença de mettre à exécution son système protectionniste. Et il sembla, dès lors, que tout l’effort accompli par lui depuis six années pour conquérir son peuple eût été rendu vain. Le pays s’indigna. Les plus conciliants, les plus faciles, se sentirent mûrs pour l’opposition dès que leur bourse se trouva touchée par l’enchérissement des denrées. Toute la presse se souleva ; seul le Nouvel Oldsburg, journal officiel, défendit le principe. On comptait à juste titre sur la résistance de la Chambre. Elle se composait, pour le plus grand nombre, des délégués de la démocratie industrielle ils devaient opposer leur veto et n’y manquèrent pas. Les nouveaux droits de douane furent repoussés à une écrasante majorité. La Haute-Chambre délibéra un jour et une nuit. Elle siégeait au Palais même. On raconta qu’il y eut, cette nuit-là, une continuelle allée et venue du grand maréchal d’État, entre