Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/67

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peuplaient d’ombres et où la pointe de sa bottine devait chercher chaque marche. Arrivée au troisième palier, elle s’arrêta, sa main gantée palpa la muraille, devina une porte. Elle y frappa en disant à mi-voix :

— Ouvrez, c’est moi, Clara Hersberg.

Et brusquement la porte s’ouvrit. Kosor apparut. Derrière lui, une lampe à l’acétylène d’un insoutenable éclat découpait sa chétive silhouette. Il dit avec une sorte de religion :

— Oh ! c’est toi ! tu es venue si vite !

Et il saisit sa main, qu’il baisait à travers le gant. Mais elle, en souriant, se dégagea et chercha une place où s’asseoir dans le taudis. Une longue table posée sur deux tréteaux s’emplissait d’empeignes poussiéreuses, de souliers éculés, de pièces de cuir, et ce désordre s’aggravait encore d’un encombrement de cornues, de creusets, de piles. Des cendres blanches formaient un tas sur le bois même ; dans un ballon de verre, on voyait un résidu jaunâtre. Trois-chaises étaient pareillement surchargées de brochures, de journaux, de chaussures. Précipitamment, Kosor dégagea l’une d’elles, l’offrit à Clara. Dans sa jaquette de drap noir, avec le chapeau sobre et harmonieux qui empruntait à la femme son élégance, elle avait l’air d’une reine en visite chez un pauvre. Elle demanda très affectueusement :

— Eh ! bien, cher ami, es-tu content ? Tes expériences à Hansen ?…