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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/84

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— Il y a autre chose, dit Ismaël. Au palais tu serviras mieux l’Union qu’en pleine agitation du faubourg, tu seras pour nous l’intelligence dans la place. Songe à tout ce qui se passe derrière ces murailles et que nous ignorons !

— Je n’irai pas là cependant pour tenir un rôle infâme de duplicité, dit-elle vivement. Kosor n’en était pas à ces scrupules près. Il exécrait la royauté, maladivement, avec frénésie ; contre elle, toute arme lui était bonne ; cependant il connaissait l’âme timorée de la savante : il comprit.

— Sans trahir, tu peux nous éclairer. Et puis quelle influence tu peux exercer ! N’est-ce point là ce qui plairait à ta douceur combattre nos ennemis par le moyen tout spirituel des arguments ? Nous autres, nous clamons la vérité au vent de Lithuanie qui l’emporte toi, qui mangeras le pain du tyran, tu pourras, avec ta suavité, ta persuasion, la lui démontrer face à face.

Ils avaient remonté en devisant l’avenue de la Reine et gagné la place d’Armes. Derrière les ferronneries géantes, la cour d’honneur du palais dormait déserte. Les fenêtres de la Renaissance, où de fines nervures de pierre divisaient les vitraux plombés, montraient çà et là les points de feu d’un lustre. Un monde s’agitait derrière ces façades et, au centre de ce monde, une volonté agissait, une seule, qui pouvait, à son gré, la