Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/91

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— J’aimerais voir mon élève auparavant, monsieur.

Il sourit.

— Son Altesse vous fera demander, mademoiselle.

Il dut percevoir le soubresaut que Clara ne put réprimer, car il ajouta :

— Soyez sûre que Son Altesse a grande hâte de vous connaître et que vous lui serez présentée au plus tôt.

Le cœur de Clara battait très fort. Elle faisait appel à tout son calme pour rester sereine ; elle dit encore :

— Et le roi, pourrais-je causer avec le roi ?

Une transformation indéfinissable changea les traits du vieil homme à cette question ; quelque chose de farouche, de sacré et d’hermétique lui donna la physionomie d’un prêtre à qui l’on vient de parler trop légèrement de son dieu. Il n’était plus ironique, ni indulgent, ni hostile, il était de marbre, et prononça :

— Non, mademoiselle, non. Sa Majesté ne reçoit personne actuellement. Inutile de demander une audience. Plus tard, peut-être…

C’étaient des mots très ordinaires, et cependant plus que la magnificence de cette cité royale, plus que la gloire ambiante, ils impressionnèrent la savante. Treize cents, ils étaient treize cents à graviter autour de cette figure mystérieuse, à briller de ce soleil, et tous marqués de cette reli-