Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/92

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gion qui inspirait à ce vieillard comme une épouvante à parler du jeune souverain dont il eût pu être le père ! Était-ce ridicule, était-ce grandiose ? À coup sûr c’était en disproportion avec le pauvre homme, mortel, caduc et secrètement débile, qui commandait à la Lithuanie.

— Mademoiselle, je suis à vos ordres, fit le vieux courtisan, impérieux et impatient.

Elle se laissa conduire encore.

Elle revit les vestibules à colonnettes et les salons, puis on passa dans une autre aile où logeaient les dames d’honneur. C’étaient, dans les corridors étroits, un va-et-vient de chambrières emportant sur des plateaux les porcelaines souillées des reliefs du premier déjeuner pris au lit, l’agitation du ménage matinal tout le va-et-vient qui précède dans un grand hôtel cosmopolite le décorum du plein jour. Une jeune femme, tout en frisons blonds, sortit d’une chambre, en chemisette de soie brodée couverte de diamants. Elle serra la main du comte au passage.

— Bonjour, comte, ça va ?

Si affairée qu’elle fût, le vieillard la retint, et présenta :

— Madame Czerbich, lectrice de Sa Majesté ; mademoiselle Hersberg, de l’Académie d’Oldsburg, professeur de chimie de Son Altesse.

Les deux femmes se dévisagèrent ; l’une plus curieuse encore que l’autre : c’était la petite