Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/96

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cipe : on pouvait le haïr ; il se dérobait, se faisait intangible. Que serait-elle ici ? une institutrice, rien de plus. Et quel dépaysement ! Où était la brûlante atmosphère humanitaire respirée trente années ?

On frappa, la porte s’entr’ouvrit ; la jeune chambrière venait jusqu’ici la chercher.

— Madame de Bénouville demande mademoiselle.

— Qui est-ce ? interrogea Clara, lassée. La gouvernante de l’archiduchesse, expliqua tout bas cette jeune Oldsburgeoise futée. Apparemment elle vient chercher mademoiselle pour la conduire à Son Altesse. Mademoiselle peut avoir confiance ; c’est un bon cœur, une Française. Mademoiselle désire-t-elle changer de costume pour aller là-bas ?

— Non, merci, dit Clara. Je garde cette robe. Elle était en noir, comme toujours. Sa jaquette de drap, unie mais bien taillée, moulait son beau corps. Ce fut avec une hostilité sourde qu’elle se rendit au salon.

Une petite vieille dame, à large figure de cire sous une mantille noire à bavolet, fit trois révérences dans une jupe de soie raide. Ses beaux yeux bruns d’une jeunesse excessive luisaient sous d’épais bandeaux démodés et demeurés blonds. Ils n’étaient que bonté, douceur et indulgence. Elle dit :

— Ah ! mademoiselle Hersberg, chère made-