Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/97

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moiselle Hersberg. soyez la bienvenue. Son Altesse veut vous voir. Elle vous demande depuis ce matin. Elle n’y tient plus. Daignez me suivre bien vite, bien vite, mademoiselle Hersberg.

Clara prononça âprement :

— Je suis aux ordres de… Son Altesse.

Et elle songeait tout en allant :

« C’est pour satisfaire aux caprices de cette enfant gâtée que je suis ici. Certes Ismaël n’avait point envisagé ainsi la chose. Cette poupée de parade, inutile et désœuvrée, pourrie par la flatterie, fantaisiste et vaniteuse, s’est voulu donner le genre de devenir intellectuelle et scientifique. Mon rôle ici tiendra de la domesticité. L’ignorance des princes est proverbiale. Cette petite me commandera de manipuler devant elle pour s’amuser de mes expériences. Et ce sera tout. Ah ! j’avais mieux à faire dans la vie ! »

Elle s’étonnait maintenant d’avoir pu fuir Ismaël. Une tendresse gonflait son cœur. Quel mauvais calcul de s’être refusée à ce pauvre ami pour tomber dans ce monde abhorré !

Elle allait sans rien voir. La petite vieille dame trottinait devant elle. On descendit un étage ; la soie de la robe raide criait sur les marches. On parcourut la galerie de tableaux, on traversa le vestibule de la chapelle et l’on parvint aux appartements royaux. Une porte laissée entrebâillée par une camériste et un petit salon