Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/98

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apparut, tendu de damas jaune, plein d’une lumière jaune que répandait la fenêtre drapée de mousseline orange. Des jonquilles garnissaient une jardinière. La petite vieille dame mit un doigt sur sa bouche, avec respect, et prononça en se retournant :

— Le boudoir de la reine.

Ce fut ensuite la salle dite des Rois, où se trouvaient toutes les statues de la dynastie rangées comme en une basilique le long des murailles peintes à fresque. Le parquet ciré les reflétait :

— C’est ici, dit madame de Bénouville en soulevant une portière.

Une antichambre toute fleurie de roses thé, et l’on fut tout de suite dans ce que l’Altesse appelait son atelier. Elle y crayonnait quelquefois ; on n’y aurait pu peindre, tant les vitraux coloriés des deux larges fenêtres ménageaient, transformaient la lumière. On aurait dit plutôt l’ombre mystique d’une chapelle. La pièce, très spacieuse, était encombrée de meubles d’art ; des bouts d’étoffes antiques couvraient les sièges ; il y avait des statues, des bustes dont le blanc cru faisait tache, de vieux bahuts allemands, l’or d’une harpe, et ce fut seulement au bout d’une minute qu’au fond de la salle Clara vit une forme blanche s’agiter doucement entre les bras l’osier d’une chaise longue. Une main, sortant des flots de dentelle d’un peignoir, lui faisait des signes.