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Page:Yver - Le Mystere des beatitudes.djvu/14

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— Cent vingt-cinq francs ! répéta la jeune femme avec accablement.

Et elle trempa ses lèvres dans la mousse de son bock, comme pour y chercher l’oubli.

À ce moment, une voiture de courses mêla ses grelots aux gémissements des autobus et s’arrêta devant la sortie du Métro. Plusieurs personnes sautèrent à terre et parmi elles un couple qui se fraya entre les voitures un chemin jusqu’au trottoir.

— Tiens ! les Nassal, s’écria Solème, avec un grand geste.

Ils entendirent leur nom, accoururent les mains tendues, les yeux fous. Jean Solème les présentait au banquier.

— Mon ami, Abel Nassal, sous-chef de bureau au ministère de l’Intérieur, madame Nassal.

Mais celle-ci n’entendait rien, serrait au hasard les mains, disait : « Bonjour, Muzard, bonjour, Gérard, bonjour, Huguette », puis ne se tenant plus :

— Vous savez, nous revenons de Vincennes ; nous avons joué Ibaldi qui nous avait mis dedans l’autre jour à Auteuil ; nous l’avons joué, placé, Abel et moi, et il a rapporté soixante-huit francs. Imaginez-vous cela : cent trente-six francs à nous deux avec une seule bête, sans compter la veine que nous avons eue encore avec Jonquille, gagnant à treize franes. En voilà une journée !

C’était une jolie femme élégante, en tailleur