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Page:Yver - Le Mystere des beatitudes.djvu/18

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blait à une armée roulante, chargeant pour quelque conquête monstrueuse, se précipitant à un assaut mystérieux.

Solème n’avait plus le temps, en ce moment, de distinguer aucun visage ; ses yeux bougeaient perpétuellement, accrochés à l’éclair de chaque vitre qui passait. Augustin Muzard, qui ne laissait rien inaperçu, lui dit à l’oreille :

— Tu crois donc qu’elles sont là ?

Solème répondit :

— C’est toujours possible…

Les yeux de Muzard eurent un pétillement d’ironie à peine visible, et il se retourna vers le banquier qui s’adressait paternellement aux deux jeunes femmes :

— Mais non, mais non ; ne jouez donc pas. Il y a une folie, une absurdité dans le jeu. Vous, madame, surtout, que le serpent de cette passion n’a pas encore mordae, ne vous laissez pas séduire !

— Ah ! vous êtes bon, vous monsieur Loche ! Ne pas jouer, c’est très bien, mais si, moi, je meurs d’envie de vous prendre une action, avec quoi vous la paierai-je ? Comptez : en calculant que nous ayons, dans un temps indéterminé, quatre fois la chance que nos amis Nassal ont eue aujourd’hui, et nous voici actionnaires de la « Société de Navigation soudanaise ». En somme, cela n’a rien d’énorme : quatre fois cette chance-là, en six mois, en un an, s’il le faut.

— Écoutez, madame, dit Cyprien Loche, en