Page:Yver - Le Mystere des beatitudes.djvu/19

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homme raisonnable, vous l’aurez, votre part ; vous l’aurez. Que M. Gérard vienne me voir un jour et m’apporte des dessins, un petit album, quelque chose dont il soit content, et je lui achèterai cela bon prix ; vous aurez bien, pour parfaire la somme, quelques sous d’économie, et voilà votre rêve réalisé.

— Oh ! monsieur Loche, vraiment vous êtes trop bon !

— M. Loche finira par se ruiner lui-même, prononça imperturbablement Augustin Muzard, en heurtant sur son talon le fourneau de sa pipe.

— Je n’en accepte pas l’augure, monsieur le caissier, répondit enfin Loche, poussé à bout.

Du boulevard des Italiens, du boulevard des Capucines, de l’avenue de l’Opéra, de la rue de la Paix, de la rue Auber et de la rue Halévy, les torrents arrivaient maintenant plus denses, plus furieux, comme les armées un soir de bataille. Mais où avait lieu l’assaut ?

Une demi-mondaine passa sur le trottoir ; elle aperçut Solème et Muzard dont elle était la bonne camarade et leur fit un signe imperceptible ; mais, voyant qu’il y avait deux femmes du monde en leur compagnie, avec la philosophie coutumière aux personnes de sa catégorie, elle alla s’asseoir solitaire un peu plus loin.

— Ninette sait vivre, dit Jean Solème à Nassal et à Gérard ; elle rend hommage à la vertu de vos compagnes en s’écartant humblement.