Page:Yver - Le Mystere des beatitudes.djvu/21

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de champ de course en champ de course, béants devant la potence où se lève automatiquement, à intervalles, en gros chiffres, le rapport d’un cheval au pari mutuel. L’or dont un coup de chance peut leur jeter l’aubaine, ils l’attendent tremblants, les mains sans cesse tendues, et ils ne sortent pas d’un état de transe au bout duquel les guette la folie. Et voici Huguette Gérard, dont la vie matérielle semble très douce entre ses trois beaux enfants et un mari qui se tire d’affaire à l’heure qu’il est. Toutes les choses nécessaires qui feraient envie à un pauvre diable, ils les possèdent. Mais que la Richesse, sous un aspect quelconque, s’offre en spectacle, voilà leurs désirs qui s’éveillent, et puisque le droit chemin ne les mène pas à l’idole, frénétiquement ils en cherchent d’autres. Je les vois venir ; ils vont spéculer ; les usines ténébreuses, où l’Argent se reproduit tout seul, secrètement, les hantent ; ils commencent à tourner autour. Et M. Cyprien Loche est là juste à point. Ah ! lui, c’est le véritable conquistador de la fortune. Il vous parle de pays féeriques et inconnus, où les millions vont s’engraisser. Sous des palmiers, le long des fleuves bleus, il passe des navires, et l’hélice de ces bateaux moud de l’or, et les millions reviendront plantureux, quadruplés. Mais, en attendant, ses yeux de financier les voient, ces millions qu’il ne tient pas encore, dans la poche de tous ; il les attire et il les aura, parce que, dans la conquête