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Page:Yver - Le Mystere des beatitudes.djvu/22

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que vous avez tous entreprise, vous n’êtes que des pygmées à côté de M. Cyprien Loche. Il la vaincra, l’idole, de même que Ninette Cosquard saura se la rendre favorable. Car dans la fièvre générale, ce n’est pas Ninette qui a le moins soif, allez ! Elle aura l’auto, et l’appartement garni de meubles rares, et surtout les titres de rente plein son portefeuille fleurant la verveine. Et il y a aussi mon ami Solème dont je ne veux rien dire parce que sa passion, plus secrète, presque clandestine et sourdement effrayante, notre intimité seule me l’a révélée ; mais Solème ! Solème ! je te vois dévoré comme certains le sont par un grand amour…

Tous écoutaient Muzard avec un demi-sourire errant aux lèvres. C’était le plaisir de la bande quand ce garçon taciturne, à qui l’on permettait toutes les bout des et qui parfois, de toute une soirée, ne de serrait les lèvres que pour vous lâcher en plein visage une vérité cinglante, s’emballait ainsi. Il avait tous les droits ; du moins il les prenait tous. Il vous fouillait l’âme, démasquait vos arrière-pensées, vous confessait publiquement. Sans cesse, il cherchait des affaires, les provoquait, en avait eu plusieurs et en avait tiré sa réputation d’escrimeur sans égal. Aucune appréhension ne bridait ses propos. Nul ne l’aurait fait taire ; c’était lui qui jugulait tous les autres.

Cette fois, le grand Solème, se redressant indo-