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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/104

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depuis qu’on entendait cette exquise savante développer son lent enseignement, ce qu’elle avait intitulé pour cette session scolaire : Rome, cette secrète prédilection que chaque femme gardait pour elle, l’attrait d’exception qu’elle exerçait sur les hommes, tout éclatait sans pouvoir se contenir. Les chapeaux fleuris des élégantes s’agitaient, et Jeanne Bœrk, la tête renversée, riant d’un rire large et heureux, applaudissait plus fort que personne, et les petites élèves du lycée Sévigné, rangées aux bancs inférieurs, ivres du triomphe de leur amie, lançaient des baisers.

Un frisson de surprise d’abord fit rougir Marceline ; interdite, elle se retourna face à son auditoire qu’elle interrogea des yeux. Elle rougissait de plus en plus ; ce déchaînement d’admiration lui paraissait inconvenant ; elle détestait les choses exagérées : elle était en même temps confuse et choquée de tout ce tapage. Puis le sens l’en pénétra, le sens délicieux d’amour, d’adulation de religion. Elle se vit aimée, louée tendrement, l’âme caressée de mille fluides admiratifs qui venaient à elle issus de tous ces yeux, dans ce tumulte. Elle blêmit et baissa la tête, écrasée par ce rêve.

Et ce fut dans cette gloire, l’atmosphère étouffante et lumineuse de cette soirée de science y ajoutant sa note voluptueuse, parmi ce tapage mourant des applaudissements qui s’éteignaient, à travers cette ovation spontanée d’un auditoire, que Jean Cécile connut Marceline Rhonans.