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V

Depuis ce soir de juillet où, après la conférence fameuse, Tisserel et son ami avaient escorté la rentrée des deux jeunes femmes, ils ne s’étaient pas revus. Les amitiés masculines ont de ces intermittences, elles s’impressionnent de la moindre influence, elles pâlissent et deviennent fades sous la moindre lueur de passion, et Tisserel cessa de rechercher Cécile. Il s’écoula trois semaines.

Ce fut le mois d’août. Il apparut dans des nuées épaisses d’orages, d’orages brûlants qui n’éclataient pas, qui résonnaient des journées entières en de sourdes détonations lointaines, qui cerclaient les fronts de malaises et de migraines, pendant qu’une sorte de ciel blanc, papillotant, miroitant, éblouissait les yeux.

Tout le monde parlait de la pluie comme d’une douceur inespérée. L’eau manquait.

Tisserel avait aussi dans l’âme tout ce qui était dans la nature. Il devenait un homme nouveau. Il souffrait. Il se passait en lui des choses ténébreuses, accablantes, et plus que la terre ne de-