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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/112

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— Paul, viens, viens me voir, je t’en prie !

Et quand il fut près d’elle, rassurée rien que par sa présence, par la lumière de sa lampe qui rassérénait la chambre, elle s’efforça de sourire :

— Paul, regarde, je viens de cracher un peu de sang.

Tisserel tressaillit et lui arracha des mains le mouchoir qu’elle cachait. Il l’examina en silence, incapable de dire un mot.

— Eh bien ? demanda-t-elle, anxieuse.

— Eh bien ! ma mignonne, ce n’est rien du tout.

Et elle le vit blême comme un mort.

— Rien du tout ; poursuivit-il. Tu vas rester là, bien sagement étendue sans bouger, sans parler, sans t’inquiéter, car ce petit accident-là, je t’en donne ma parole, c’est la moindre chose du monde. Pendant ce temps, je vais te faire préparer une potion à l’ergotine, le remède classique, et tout sera dit.

— Et je ne mourrai pas, Paul ?

Il fit mine de rire.

— Tu es une petite folle. Si tous le clients que j’ai vus dans ton cas avaient passé le pas pour une bêtise pareille, je t’assure que j’y perdrais mon latin.

Il ne savait plus ce qu’il disait. Il lui recommanda de dormir, et s’en fut précipitamment…

— Je suis un misérable prononça-t-il en se frappant du poing le front quand il fut seul dans sa chambre ; je suis une brute ! C’est moi qui J’ai laissée envahir par le mal. Cécile m’avait prévenu ; qu’ai-je fait pour elle ?…

Il avait envie de battre de la tête contre les