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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/130

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Ponard. Elle était favorable. On le vit, un certain lundi de ce mois de septembre, installer dans son appartement l’un de ses jeunes confrères en remplacement, et s’en aller prendre le train. Il se rendait à Paris. Il avait un air pressé et inquiet qui n’était pas le sien.

C’était la fin du jour. Les paysages couraient au lointain, mouillés et pâlis par l’automne. Pendant qu’à la vitre droite du wagon les dorures du soleil couchant noyaient tout, à gauche, on voyait les feuillages roux des coteaux se peindre sur le bleu profond de l’Orient. Cécile pensait au soir où, par ces mêmes pays, il ramènerait à la maison sa petite compagne. Il la voudrait craintive de tout, peureuse sous les tunnels, le cherchant. Son maître Ponard lui avait écrit qu’elle s’appelait Blanche ; et il s’étudiait à prononcer ce nom, comme pour s’entraîner, dès maintenant, à l’amour. Mais son tempérament cruel parlait plus haut que ces naïvetés tendres, et il se moquait de soi-même : « Parce que mon domestique a pris la poudre d’escampette, se disait-il, je me marie ; la voilà bien, la mystérieuse attirance des âmes l’une vers l’autre ! Je veux, en rentrant, trouver mon dîner prêt ; la voilà bien, la poésie ! »

Le docteur Ponard habitait la plaine Monceau. La voiture qui l’y conduisait, au sortir de la gare du Havre, prit la rue de la Pépinière. Il revit lentement au passage la maison neuve, aux balcons sculptés, aux loggias peintes, et même, en se courbant dans le fiacre, il découvrit les fenêtres du quatrième dont il reconnut les rideaux. Il était un peu plus de six heures. La romancière devait