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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/154

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XI

Le docteur Le Hêtrais, le directeur de l’école à Briois, un vieux aux yeux rouges clignotants sous les lunettes, mais qui avait été le plus brillant médecin de la ville, le docteur M., de l’Institut, venu pour la circonstance, avec un autre professeur de la Faculté, le maître Delval, entrèrent dans la salle des blessés, suivis de Cécile et d’un jeune nouveau venu à Briois, le docteur Gérey, tous deux concurrents au service vacant de cette salle. Les trois vieillards, solennels et gourmés, cravatés de blanc et décorés, firent sur les malades une impression profonde. Chez les blessés, il ne règne pas la navrante pitié qu’il y a dans Îles autres salles. La vie révoltée contre la souffrance semble y fluer plus puissamment, comme fouettée d’une énergie de plus. Il y ruisselle du sang, mais rouge et pur, et l’iodoforme odorant et médicinal vous prend seul aux narines quand on entre. On n’y voit pas souvent mourir. Les blessés n’ont pas l’air, comme les malades, retranchés déjà du monde ; ils en ont encore tous les intérêts, et ils peuvent croire plus aussi en ceux qui les soignent, car le vrai médecin, c’est le chirurgien.

C’étaient ici, pour la plupart, des visages épais