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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/167

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le plus fidèle que vous ayez ? Vous ne m’avez jamais confié combien cette persécution vous atteignait, c’est mal, mademoiselle Bœrk ; vous savez que j’aurais fait tout au monde pour vous épargner quelque ennui. J’aurais été si heureux ! si heureux ! Promettez-moi que maintenant vous me direz plus librement ces choses, quels services vous attendez de moi.

— Merci, docteur, merci.

— Non, ne me dites pas merci ; je vous en prie, je serais si heureux, je vous le dis, si heureux ! j’ai tant… d’admiration pour vous, mademoiselle !

Il fut pris d’une si grande peur d’elle, soudain, qu’il changea de ton.

— Vous aurez votre collier et Captal d’Ouglas sera puni comme il le mérite ; comptez toujours sur moi, n’hésitez jamais à me demander quelque chose, considérez-moi comme à votre disposition.

Elle souriait maintenant en répétant :

— Merci, docteur, merci.

Il dit encore :

— Vous êtes si seule ici… une jeune fille !… vous avez dû souffrir quelquefois, vous ne me l’avez pas dit ?

Il n’avait plus le courage de partir, il serait demeuré la nuit entière appuyé à cette rampe d’escalier claustral, près de celle qu’il aimait et qui lui semblait ce soir tendre, faible et triste comme jamais. À la fin elle se reprit :

— Vous êtes bien bon, j’accepte ce que vous me proposez ; je serai ravie d’être vengée de ce méchant gamin de d’Ouglas ; je vous suis très reconnaissante, docteur, très reconnaissante.