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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/172

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XII

Tisserel arriva le lendemain à l’Hôtel-Dieu dans le brouillard du petit jour, un petit jour d’octobre, un brouillard glacial dans lequel les sycomores, d’un pâle jaune d’or, laissaient pleuvoir leurs feuilles mortes ; il avait gelé la nuit, légèrement.

Il demanda d’être conduit à la chambre de M. Captal d’Ouglas. Le jeune homme, dont la veille s’était prolongée fort tard hors de l’hôpital, dormait encore. Pendant que l’infirmier le réveillait à coups de poings dans la porte, Tisserel sentit le dessous de ridicule que cachait sa démarche. N’ayant aucun mandat à revendiquer, il allait s’abaisser à une prière devant ce tout jeune homme, son subalterne. Il lui fallait le collier pour Jeanne Bœrk. Il le demanderait avec politesse, puisqu’il n’avait pas le droit de le réclamer la canne à la main. Au bout d’une heure, d’Ouglas aurait conté la chose à tout l’internat ; ces jeunes gens riraient de lui ; ensuite, ce serait la ville qui s’amuserait à ses dépens ; à Briois, les médecins étaient fort en vue, on parlerait du flirt du docteur Tisserel avec sa belle interne…