Page:Yver - Les Cervelines.djvu/173

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— Entrez ! cria la voix épaissie de sommeil de l’étudiant.

Le buste à demi sorti du lit dans la chemise de nuit lâche, ouvrant les yeux avec peine pour reconnaître le visiteur, les paupières gonflées, la voix trouble, il demanda :

— Qui est là ?

— C’est moi, d’Ouglas, fit Tisserel délibérément.

— Tiens docteur, cette visite ! asseyez-vous par ici ou par là, quelque part.

Il montrait les chaises de paille. Tisserel s’efforçait à rire, mais il restait debout devant le lit. Il commença de suite.

— Vous savez, d’Ouglas, qu’hier soir vous avez été un peu loin dans votre gaîté.

— Ma gaîté ?

— Je pense, d’ailleurs, que vous l’avez compris maintenant et que vous allez me remettre ce ruban de mademoiselle Bœrk. Elle est fort contrariée.

— Ce ruban est à moi, dit tranquillement le jeune homme en regardant Tisserel en face.

— Comment ! quand vous l’avez pris !

— Docteur, sans entrer dans d’autres explications ou détails, j’estime que cette chose doit rester personnelle entre mademoiselle Bœrk et moi. Le fait est que je tiens d’elle un objet qui m’est très précieux, et que je n’ai nulle raison pour m’en dessaisir ; à moins que vous n’ayez, vous, quelque motif sérieux à revendiquer pour m’obliger à cette restitution.

Le malheureux Tisserel éprouvait de plus en plus quel petit rôle il jouait ici.

— C’est justement ce qui est fort simple, reprit-