Page:Yver - Les Cervelines.djvu/174

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il avec quelque timidité. Je suis le chef de service de mademoiselle Bœrk ; il y a toujours une sorte de patronat du médecin à son interne ; quand cet interne est une femme, à plus forte raison, lui doit-on son appui.

— Oh ! oh ! docteur, fit d’Ouglas en souriant, un chef de service n’est tout de même pas un tuteur.

Paul sentit que ce garçon commençait à se moquer de lui. Il lui fallut, pour tenir bon, se rappeler la tristesse de Jeanne, les promesses qu’il lui avait faites, l’abandon moral où elle se trouvait dans cet hôpital. Il dit avec humeur :

— Appelez le rôle du nom que vous voudrez, il n’en est pas moins vrai que mademoiselle Bœrk n’a pas cherché d’autre protection que la mienne quand vous l’avez excédée de vos tracasseries. Or, sachez bien désormais, vous, d’Ouglas, et vos camarades, que je considère mademoiselle Bœrk comme la personne la plus vénérable et la moins propre à servir de jouet à vos gamineries. Je prends comme personnellement tout ce que vous aurez dirigé d’ennuis, de vexations, de taquineries contre elle. C’est pourquoi, ce matin, je vous redemande ce collier qu’elle désire.

D’Ouglas se croisa les bras flegmatiquement.

— Pourquoi se l’est-elle laissé prendre ?

— Je ne vous permets pas de dire ce qui n’est pas vrai, cria Tisserel hors de lui. Vous le lui avez pris ! Ce que vous avez fait est indigne, et ce que vous dites honteux. Je veux ce ruban.

— Je ne l’ai pas ; il est chez moi, en ville.

Ces mots glacèrent Tisserel. Jeanne l’aurait-elle jamais ? Que d’inquiétudes jusque-là !