Page:Yver - Les Cervelines.djvu/188

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— Alors, vous n’avez pas le droit de la blâmer. Mais moi, j’ai ce droit et celui de vous dire que je pense mal d’elle…

— Oh ! Jeanne peut-elle avoir fait quelque chose de mal ?

— Oui, dit Cécile lentement ; elle a fait quelque chose de très mal. Elle a fait un chagrin terrible, sans mesure, au cœur d’homme qui méritait le plus de ménagements, le plus d’égards et le plus de bonté.

Marceline eut un sourire de gravité qui indiquait plus d’esprit que de gaîté.

— Le docteur Tisserel est votre ami, monsieur, dit-elle.

Et elle ajouta, pour qu’entre eux rien ne restât de douteux ou de trouble :

— Vous voyez que j’entre vite dans notre sujet. Je sais de quoi il s’agit ; je le sais par Jeanne Bœrk, comme vous le savez par monsieur Tisserel ; vous avez bien fait de venir me trouver ; nous ressemblons aux témoins d’un duel qui peuvent en discuter les conditions, raisonnablement et de sang-froid ; et je veux vous dire de suite, parce que vous me faites de la peine en étant si sévère pour elle, que ma cliente est la plus charmante fille, la meilleure, la plus au-dessus d’aucun reproche.

Cécile regardait la jeune femme en face et dit d’une voix étrange :

— Tisserel l’aime passionnément.

Marceline ne souriait plus.

— Je le savais, fit-elle en détournant les yeux vers le feu, je l’avais deviné plus que Jeanne ne me l’avait dit. Jeanne est une travailleuse ; elle s’occupe plus de sa médecine que de rien autre,