Page:Yver - Les Cervelines.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XV

Tisserel, un jour, trouva chez lui cette dépêche de Menton : « Venez immédiatement chercher votre sœur. »

Il la lut quatre fois et ce fut seulement après que la douleur l’en remplit tout à fait dans son cœur, dans son corps. Il souffrit d’une force de révolte qui tendait à repousser ce télégramme vers son origine, à refouler la propension mystérieuse qui l’avait transmis, à le détruire dans l’esprit de son auteur, à reculer vers ces instants passés où il croyait encore qu’Henriette guérirait. Et quand à l’implacabilité des choses accomplies se furent meurtries ses volontés désespérées, quand il vit que son irrévocable destinée était de perdre Henriette, il prit le chemin de l’hôpital pour y retrouver Jeanne Bœrk.

Ce que Cécile lui avait dit de ses négociations malheureuses ne comptait plus. Dans l’angoisse de sa souffrance, il la voulait aujourd’hui, dans l’instant même. Il était comme un homme qui porte un fardeau trop lourd et que personne n’aide ; il ne pouvait plus continuer d’être seul. Il trouva Jeanne dans sa chambre d’interne, où il