Page:Yver - Les Cervelines.djvu/218

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que celui-là. Soyons bons camarades, je ne demande pas mieux ; nous le sommes déjà ; vous traversez uns crise, ce ne Sera rien. Allons donc ! il faut raisonner un peu. Je déteste tout ce qui est aigu, passager ou inutile. À quoi servirait l’accomplissement de ce que vous souhaitez ? À quoi bon, après ! Car enfin, il faut toujours ramener la question à la discussion libre et lucide. Moi je vivrai seule ; je lai voulu et il me le faut. Il me faut me posséder entièrement si je veux accomplir tout le travail de ma vie. Ne pensez pas qu’il y ait là rien de personnel et que votre amour-propre n’en souffre pas ; je ne me marierai avec aucun autre.

— Donnez-moi de votre vie ce que vous voudrez, soupira Tisserel, pourvu que ce soit un peu de vous !

— Oui, reprit-elle, je comprends ; ce serait infiniment plus commode que le mariage ; je n’ai pas de préjugés, pas de superstitions ; les conventions. ne me gênent en aucune sorte ; mais le public, la clientèle en ont ; je me ferais le plus grand tort. Tout se sait, et on est si exigeant pour une femme médecin ! Si je veux réussir et me faire la vie agréable que je rêve, je dois réaliser en tout mon personnage aux yeux du monde.

— Oh ! ces calculs ! s’écria Tisserel hors de lui.

— Et ma liberté ?

— Votre liberté sera entre vos mains. Vous me la donnerez, vous la reprendrez à votre guise.

— Je parle, dit-elle fièrement de cette liberté de la Jeanne Bœrk d’aujourd’hui qui ne cache rien, que tout le monde peut connaître, qui fait