Page:Yver - Les Cervelines.djvu/224

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de Jeanne et la prière extasiée de l’homme qui l’aimait, et elle avait envie de prendre de force les bras de son amie, de les ouvrir et de dire : « Venez ! »

Ce fut mademoiselle Bœrk qui parla.

— Le déjeuner des internes est sonné, dit-elle avec un grand calme, je vous fais mes adieux, docteur. Je regrette que vous soyez venu jusqu’ici pour un genre de scène que je déteste ; bons amis autrefois, nous ne pouvons plus l’être maintenant.

— Que voulez-vous dire ? demanda-t-il effrayé.

— Qu’il vaut mieux ne plus nous rencontrer désormais. Je vais demander à quitter le service, même l’Hôtel-Dieu, et à passer à l’hôpital des Enfants.

— Jeanne ! murmura-t-il, je ne vous verrai plus !

— Ce sera parfait, dit-elle avec son sourire, et surtout excellent au point de vue de ma carrière, ce changement de service.

Et elle le conduisit d’un air courtois vers la porte.

Il saisit la rampe de fer forgé qui dessinait sa spirale noire sur le pavé rose de l’escalier, et se mit à descendre lentement ; il descendit trois marches et se retourna : elles étaient encore dans l’embrasure de la porte, les deux amies, serrées l’une à l’autre ; la charmante Rhonans avec son sourire de bonté, écrasant sa silhouette imprécise de fourrure sombre sur le tablier blanc de l’interne. La main de Tisserel fit un geste de désespoir…

— Vous resterez, Jeanne, disait là-haut Marceline.