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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/257

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faire quelque chose de grand qui me rapprochât de vous. »

— Eh ! qu’il me parle donc d’autre chose, s’écria Marceline en lisant. Il n’a pas le même genre de succès que moi, c’est entendu ; mais pour différente qu’elle en soit, son intelligence vaut la mienne, et nous aurions à traiter tant d’autres sujets intéressants que celui de son infériorité illusoire !

Elle essaya de l’y pousser.

« En écartant certains aspects de gloriole bien légers et bien vains, cher ami, je découvre au contraire dans votre métier une supériorité dont je suis fière. Vous avez entre les mains un pou voir magnifique qui n’est pas d’instruire, chose souvent froide et stérile, mais de soulager. Voyons, quand même vous ne guérissez pas, est-ce que de paraître au malade un appui souverain, de l’illusionner, d’être son espoir, ce n’est pas encore un rôle ? Vous êtes de ceux qui peuvent le mieux pratiquer la loi d’amour sur la terre ; je crois que personnellement vous êtes un de ceux qui la comprennent le plus ; comment pourrais-je ne pas vous trouver bien au-dessus de moi ! Songez que j’ai souvent envié votre admirable métier. Philosophiquement, c’est l’un des plus grands. Nous en causerons quelquefois, n’est-ce pas ? Vous me parlerez de vos malades, j’unirai mes vœux aux vôtres pour leur guérison ; car je crois qu’on peut créer autour de ceux qui souffrent comme une atmosphère bienfaisante par ce bon vouloir secret. Avez-vous remarqué que, dans les nations monarchiques, parmi les familles régnantes, il est peu de maladies qui ne cèdent,