Page:Yver - Les Cervelines.djvu/258

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qui ne cèdent à quoi ? non pas certes au savoir des médecins royaux, lesquels, avec tous leurs titres, n’ont pas reçu la toute-puissance ; non plus à la constitution physique des altesses, qui n’ont ni le sang plus riche ni la vie plus inviolable que d’autres, mais au désir devenu immense de tout un pays qui prie, le désir public, le désir national qui vainc Dieu. Hélas, j’oublie que sans doute vous ne m’entendez pas bien quand je parle de ces choses. »

Et sa lettre longue se perdait en considérations minutieuses sur les idées religieuses où ils se séparaient. Cette Intellectuelle recherchait passionnément dans l’amour l’intimité cérébrale ; à la seule pensée de Cécile, son cœur vraiment se fondait d’affection ; mais c’était en elle une émotion incomplète si elle n’embrassait pas aussitôt la mentalité même de son ami ; ce qui, inconsciemment pour elle, était tout lui-même. Plus anxieusement que jamais, elle attendit sa réponse sur ce terrain qu’elle avait préparé pour qu’ils s’y pussent rencontrer. Ces discussions délicates avec l’homme à qui elle s’était donnée en pensée, n’était-ce pas délicieux !

Cécile répondit :

« Chère Marceline, ma vie ne suffira pas à vous dire ma reconnaissance. Je suis infiniment moins que vous, et vous voulez bien me rapprocher de vous. C’est un mystère qui me confond. Il n’est pas une heure de ma journée où je ne me le rappelle. Plus je vous connais, mon amie, et plus mon admiration pour vous va s’augmentant. Il me semble que je ne parviendrai jamais à vous mériter, si dévoué que je sois à votre volonté, à