Page:Yver - Les Cervelines.djvu/266

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drait ta femme ? Drôle de jeune fille, certes, mais surtout drôle de femme.

Jean ne répondait pas. Il songeait : « Peut-être renoncerait-elle à sa carrière. »

— Tout cela n’est pas de bon ton, reprit madame Cécile, ce n’est pas comme il faut.

— Si vous connaissiez mademoiselle Rhonans, dit-il à la fin, ne se maîtrisant plus, si vous la voyiez une fois seulement, car je gage que vous ne l’avez jamais même rencontrée, — vous reviendriez sur votre jugement. Pas une femme n’a plus de dignité ; pas une jeune fille n’est plus jeune fille ; et quand elle parle au public, sa science justement la transfigure, la fait plus respectable et comme impersonnelle. Sa vie est un type de perfection noble.

— Je sais des choses que tu ignores, dit-elle confidentiellement.

— Vous savez… murmura Jean irrité et effrayé.

— On s’occupe trop d’elle à Briois pour que certains détails sur sa personne ne me soient pas arrivés. Ces dames en parlent souvent au magasin ; je les écoutais sans me douter de ce qui me menaçait, hélas ! Et j’ai appris ainsi un fait bien significatif.

— Quoi ? dit Cécile qui ne cachait pas son angoisse soudaine.

Mme Cécile prononça, les lèvres pincées de dégoût, comme si elle allait parler d’un vice dont le terme offense :

— Du matin au soir elle fume !

Il rit alors avec un allègement qui lui fit regarder sa mère d’un œil tout attendri.

— Eh bien oui, elle fume, maman, des petites