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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/268

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— Samedi soir il y aura à l’Hôtel des Sciences une conférence, maman ; mademoiselle Rhonans la fera ; vous y viendrez.

— Je n’irai certainement pas.

— Vous viendrez, maman, parce que j’aime cette jeune fille et qu’elle ne peut pas vous être indifférente. Vous viendrez pour me faire plaisir, pour la voir avec moi, à côté de moi, pour ne pas me briser de chagrin en affectant de la mépriser.

Il vint à sa mère, la prit au cou.

— Je vous en supplie, maman !

— Je ne donnerai jamais mon consentement à un pareil mariage !

— Ne dites rien encore, ne parlons pas de mariage ; venez la voir. Elle ne vous saura pas dans l’auditoire, vous l’observerez à l’aise ; vous serez séduite, allez, comme moi ! Vous viendrez, maman, dites ?

Elle se défendait encore. Il la cajola de mille manières, et elle ne fut pas indifférente à ces caresses intéressées où elle retrouvait l’âme enfant de ce fils qui lui échappait un peu plus chaque jour avec le cours de la vie. Elle demeura glaciale, mais elle eut envie de pleurer, et quand elle le repoussa doucement, elle ferma les yeux pour qu’il ne vit point les larmes y naître.

Le lendemain, il revint encore. Son père était présent. C’était un grand vieillard à qui l’obligation d’achalander avait donné comme un reflet de courtoisie mondaine. Il connaissait la pointure, les petits défauts du pied, jusqu’aux pratiques intimes du marcher de toutes les grandes dames de Briois ; mais c’était un passionné de l’économie