Aller au contenu

Page:Yver - Les Cervelines.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sentit maintenant aimer Jean plus que jamais, puisqu’elle souffrait tant de le perdre.

Mais quand elle rentra chez elle, elle le trouva au petit salon, l’attendant.

— Je m’étais fait une loi, lui dit-il, de ne plus venir ici, puisque ce n’était plus seulement en ami que j’y venais… et voilà qu’il y a entre nous un malentendu terrible, un malentendu qui ne peut plus durer, puisqu’il met le mensonge entre vous et moi, là où nous devrions nous regarder en face et lire l’un dans l’autre ! Hélas ! je ne croyais guère avoir encore à conquérir ce que je m’étais tant réjoui d’avoir obtenu ! Vous ne m’aviez pas compris !

La bienheureuse certitude revenait en Marceline ; mais quoiqu’elle aimât infiniment la franchise absolue, elle ne pouvait, par dignité, raconter à Cécile ce qui s’était joué en elle de craintes, de tourments, sur cette seule ambiguïté de leurs rapports. Elle avait pris un rôle elle dut le tenir.

— Monsieur Cécile, dit-elle souriante devant lui, enveloppée de sérénité et de grâce tranquille, vous possédez absolument ma sympathie et mon amitié. Quant à vous comprendre, je crois que…

— J’avais juré, prononça-t-il de sa voix creuse et tremblante où passait une si puissante émotion qu’elle en fut touchée, j’avais juré de ne pas prononcer devant vous, qui êtes la plus respectable jeune fille, des aveux que la tradition de ma famille veut que les parents sanctionnent, mais vous me forcez de vous dire ce que j’aurais voulu vous laisser deviner… c’était d’être ma fiancée que je vous avais demandé, Marceline.