Page:Yver - Les Cervelines.djvu/284

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son d’être, cet enseignement qui vous a faite triomphale et glorieuse, » qu’il mentit.

Et alors, ma mère m’a expliqué ses craintes sur la grande place que tiendrait en vous ce qu’elle appelle « vos livres », l’ensemble de vos préoccupations si prodigieusement distantes des petits détails de la vie. Elle a peur — vous souriez — que vous ne fassiez pas une bonne femme d’intérieur. Elle m’a demandé si vous connaissiez la cuisine et si vous saviez diriger une lessive. Je lui ai démontré quel esprit complet vous étiez, embrassant tout…

Marceline en l’écoutant à son tour s’attrista. Elle était par trop fine ; elle devina rien qu’au ton sur lequel il parlait qu’il inventait et qu’ils s’étaient dit, sa mère et lui, en parlant d’elle, des choses où sa pauvre nature inconnaissable, insaisissable avait dû être étrillée d’injustice et de prévention. Véritablement, elle souffrait ; il ressemblait si peu à l’existence glorieuse dont elle avait joui jusqu’ici, d’être ainsi réprouvée par une femme qu’elle dépassait de si haut ! d’être bannie d’une famille qui, loin de s’enorgueillir d’elle, ne la subirait que par force. Il lui venait aussi de s’appeler en réalité Mlle de Rhonans, une fierté d’aristocrate qui se cabrait en elle à la seule pensée de cette marchande de souliers.

— Écoutez, dit-elle à Jean avec une irritation cachée qui faisait trembler sa voix, vous direz à votre mère de ma part ceci : que je n’entrerai jamais dans votre famille sinon les portes et les cœurs grands ouverts, et qu’il me faudra la gagner avant d’être votre femme, ou bien…