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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/328

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Ensuite elles connurent, ces mains élégantes et oisives, le toucher gras des encaustiques, les frictions meurtrissantes des meubles qui brillent, le contact des cuivres qui se dorent sous les pommades. Comme une servante, Marceline absorbée dans son labeur, la tête baissée, vide de pensées, travailla sans repos. Inexpérimentée, elle avait une adresse native et comme une sorte d’intelligence des doigts qui lui tenaient lieu d’habitude. La jeune domestique ne s’expliqua rien de ce manège ; mais elle était entraînée à son tour dans l’activité de sa maîtresse. Le soir, la maison de fond en comble était nettoyée.

Lassée, brisée, Marceline revint dans sa chambre ; il lui semblait respirer pour la première fois de la journée et elle se dit : « Que ferai-je demain ? »

La vérité, c’est qu’elle n’avait plus le courage de penser.

Quand elle eut pris de sa personne les soins que nécessitaient les souillures d’un tel travail, elle ouvrit sa boîte de lettres où elle reprit celle du vieil ami des de Rhonans. Elle la relut.

« Sans nommer personne, je puis vous le dire, l’estime dans laquelle on vous tient ici tant pour votre mérite et pour votre savoir que pour votre personne même… »

Et le sentiment lui revenait plus vif, plus neuf que jamais, de posséder la complaisance et l’admiration de ceux avec qui elle éprouvait cette cohésion si subtile et puissante de l’esprit de corps. Elle était trop définitivement attachée à cette Université qui la tenait par mille fibres.

« … M’ont fait penser que ce que vous désiriez