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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/331

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parents — de toute sa lignée bourgeoise. Que deviendra la Marceline Rhonans d’aujourd’hui ?

Et elle reprit encore la lettre du vieil ami pour y chercher des impressions plus fortes que ce regret intime qui lui demeurait des heures de l’amour.

Elle ne répondit pas à Jean. Elle s’était donné comme règle de ne pas lui écrire avant le délai fixé.

Il lui passait par instants des besoins insensés de sangloter, de conter à quelqu’un sa peine. En d’autres moments, elle pensait, avec le désir du calme et de la paix, qu’il ne tenait qu’à elle de reprendre sa belle vie d’autrefois. Elle récapitulait, depuis le jour où Jean avait pris possession de ses pensées, combien d’angoisses, d’agitations, de troubles, de douleurs aiguës, de mélancolies amollissantes ! Comme elle avait tremblé, pleuré, douté et craint ! Que de manières diverses de souffrir l’amour enseigne ! Quelle dépression aussi il amène dans une âme ! Et elle cherchait les petits côtés de son idylle rapide, ses cachotteries, ses mensonges ébauchés, sa défiance envers Jeanne Bœrk, et cette lassitude du travail qui était venue en elle, lui rendant tout insipide, hors l’idée fixe.

Le quatrième jour de cette espèce de retraite, un coup suprême lui fut porté. C’était à sa sortie du lycée, le matin ; ses yeux errant machinalement sur le lointain du boulevard, aperçurent à une grande distance l’ample pardessus gris de fer qui enveloppait l’étroite personne de Cécile. Il la guettait, pensant n’être pas vu. Elle eut un