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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/340

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pour arriver plus tôt chez Marceline. Il sentait qu’il allait la vaincre ; il lui venait aux lèvres un flot de mots passionnés qui la feraient fléchir : elle ne demandait qu’à aimer, c’est ce qui ressortait de sa lettre, qui était au fond la plus vibrante, la plus frémissante lettre d’amour qu’elle lui eût jamais écrite. Son raisonnement, il en riait, et elle en rirait à son tour quand il l’aurait ressaisie.

Le fiacre le déposa devant la porte, il se précipita, sevré de sa vue comme il était depuis huit jours et brûlant de la reprendre tandis qu’il en était encore temps, avant qu’elle ne lui eût trop échappé dans le domaine glacé de la spéculation. Mademoiselle regrettera bien, dit la domestique, mademoiselle est à Paris pour quelques jours, elle ne m’a pas fixé de date pour son retour.

Il demeura atterré.

— Ses cours ne la forceront-ils pas à revenir ?

— Mademoiselle était souffrante ; elle a demandé un congé pour toute la semaine.

Et derrière la servante qui lui parlait, il entrevoyait l’escalier ombreux, le corridor tiède, l’engageant aspect de cette petite demeure de paix.

Et il avait envie de faire cette prière : « Laissez-moi entrer seulement un peu ; laissez-moi m’asseoir un instant là-haut, dans ce cher petit salon de mon amie. Elle est absente, mais je le retrouverai quand même, je retrouverai d’elle un passage furtif, un frôlement et le souvenir du baiser que je lui ai donné. »

Chaque jour il revint sonner à la maison du