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XXIII

À l’église lointaine qu’on entendait d’ici, le glas sonnait pour l’enterrement d’Henriette Tisserel. C’était une matinée gaie de février où il y avait comme un frissonnement de printemps hâtif dans la nature. Cécile, tout en noir, sortit de chez lui pour se rendre à la maison de deuil. Il avait appris la mort de la jeune fille, l’avant-veille, par un mot de Tisserel ; il avait passé la dernière journée près de son ami pour les démarches mortuaires. Était-ce la contagion du chagrin prise auprès du malheureux Paul, était-ce la perte de cette petite amie dont il savait le tendre secret le concernant ? Il était pris d’une désolation atroce à la pensée de ce cercueil. Dire qu’elle lui avait vainement offert ce qu’il avait vainement demandé aux autres, et que ce qu’il avait tant de fois mendié, une goutte d’affection vive, était là pour lui, à profusion, comme à sa source, sans qu’il s’en fût jamais approché !

Ces cloches lugubres de la paroisse suburbaine, sonnant leurs volées lentes, faisaient planer sur la ville ensoleillée comme une plainte.